Commentaires de traductions

» Commentaire d'Isabelle Quéré

« La Pharsale, toujours étincelante, mélancolique, déchirante, stoïcienne » Baudelaire, lettre de 1866.
Lucain, lu par Montaigne, transposé par Agrippa d’Aubigné, est un peu méconnu en France, peut-être en raison de l’absence d’une traduction rigoureuse jusqu’à peu. Les Belles lettres ont édité en 2016 la nouvelle traduction du Chant II de l’épopée par Florian Barrière dans la collection scientifique « Commentario ». Je crois que celui-ci travaille à la traduction des autres chants, qui sera peut-être éditée dans une édition plus accessible. Malgré l’étirement parfois du rythme régulier de l’hexamètre, la traduction est habitée du souffle épique.
Les « paroles divines » de Caton aux vers 297-303 :
« Comme un père, que la mort
a privé de ses enfants, invité par la douleur même à mener
le long cortège funèbre vers les tombeaux (il se plaît à introduire
ses mains dans les feux sombres et, une fois le bûcher construit,
à tenir lui-même les sombres torches), je ne serai pas arraché
à ton corps privé de vie avant de l’avoir étreint, Rome, et
je continuerai à suivre ton nom, Liberté, et ton ombre impalpable. »

» Commentaire d'Isabelle Quéré

Pierre Chiron est un spécialiste de la rhétorique antique. Sa traduction est très attentive à la progression du grec et aux procédés. Ces discours sont édités dans la collection Commentario des belles lettres (2015) avec un commentaire qui s’intéresse particulièrement aux aspects rhétoriques.

» Commentaire d'Isabelle Quéré

Dominique Noguez a publié aux éditions La différence en 2009 (rééditions complétées chez Arléa en 2001 et 2006) une sélection tout à fait personnelle des épigrammes de Martial. L’édition est bilingue et chaque épigramme est suivie d’une traduction littérale (en prose) et d’une «adaptation» ou «imitation» (je reprends les termes de D. Noguès) en vers sans respect du rythme original. Ainsi, beaucoup de distiques ont enflé en quatrain. «Nous avons moins cherché à les traduire qu’à les rendre» (préface). On lira donc plutôt des réécritures des épigrammes où l’art de la chute demeure, ce qui vaut à cette édition d’être recensée ici.

» Commentaire d'Isabelle Quéré

Deux belles traductions avec texte latin en regard : en ligne, celle d’Anne-Marie Boxus et de Jacques Poucet (2005) sur le site de la Biliotheca Classica Selecta. Le texte est annoté et organisé en parties ce qui permet de retrouver facilement un passage.
Attention, traduction et commentaire sont couverts par le copyright.
En livre, la traduction de Danièle Robert aux éditions ACTES SUD, THÉSAURUS, 2001. Voici un extrait de sa préface, «Ovide au miroir du vers» : «Ce qui m’a paru essentiel dans cette entreprise, c’est de faire passer le souffle poétique, de ne pas casser la magie des mots dans leur agencement. (...) J’ai tenté de produire un poème qui entre en résonance avec l’original et puisse donner à entendre, hic et nunc, un écho de cette œuvre immense — l’acte de transformation qu’est la traduction étant, fondamentalement, un acte d’écriture.»

http://bcs.fltr.ucl.ac.be/METAM/Met00-Intro.html

» Commentaire d'Isabelle Quéré

La traduction est de Liza Méry dans la nouvelle édition de l’intégrale des romans grecs et latins aux éditions Belles lettres, dans la collection (au nom un peu paradoxal pour cet ouvrage) « editio minor » et est très rigoureuse. En effet, elle a souhaité éviter, comme elle l’explique dans sa traduction, éviter une « traduction trop lisse » qui gommerait les aspérités en tout genre du texte sans, à l’inverse, prendre le parti d’une « traduction qui surjoue la truculence ou la trivialité ». Cela permet effectivement au lecteur de percevoir en français l’écriture de Pétrone. Seule petite réserve, la traduction manque parfois d’efficacité comme le montre cet exemple.
Non commune est, quod natura optimum fecit ?
Les productions les plus remarquables de la nature ne sont-elles pas des biens communs à tous ?

» Commentaire d'Isabelle Quéré

Philippe Brunet a recensé aux éditions Allia cent traductions ou réécritures de ce célèbre poème inachevé de Sappho. Exercices de style à travers les siècles.

Sénèque, Tragédies

Phèdre, Thyeste, Les Troyennes, Agamemnon, Médée, Hercule furieux, Hercule sur Œta, Œdipe, Les Phéniciennes

» Commentaire d'Isabelle Quéré

La très belle traduction de Florence Dupont de toutes les tragédies de Sénèque a été rééditée en 2012 chez Actes Sud en un seul volume. Elle expose dans sa préface (p. 7-9) les principes qu’elle a suivis, en particulier elle ne conserve pas le vers latin, et conclut ainsi : «tout traducteur est, comme l’acteur, un interprète, c’est-à-dire un passeur». La comparaison est significative ; il s’agit effectivement de traductions pour la scène contemporaine, assez proches pour moi d’une réécriture qui allierait inspiration et érudition. Voici ces vers de Phèdre «qui mersus semel / addiit silentem nocte perpetua domum.» (220-21) : Après avoir pénétré dans le palais des ténèbres et de l’éternel silence.

Je retrouve davantage mon latin ( certes, l’édition est bilingue ! ) avec la traduction d’Olivier Sers, Les belles lettres, Classiques en poche, 2011. L’univers lexical est en effet plus classique, donc peut-être moins attrayant à la lecture, et le texte respecte les vers originaux. Ainsi pour les mêmes vers : une fois englouti / au séjour silencieux, dans la nuit perpétuelle.

Sophocle, Tragédies

Ajax, Les trachiniennes, Antigone, Œdipe roi, Électre, Philoctète, Œdipe à Colone

» Commentaire d'Isabelle Quéré

La traduction de jean Grosjean parue en 1967 est belle ET fidèle au grec, avec une grande attention au rythme et aux sonorités. C'est dommage qu'on ne la trouve que dans la collection de la Pléiade et non en folio, à l'exception d'Œdipe roi édité séparément en Folio classique (n°6005). Jean Grosjean présente ainsi son œuvre : « C'est Michel Gallimard qui fit naître cette traduction par sa conviction que, sans être ennuyeux ou inintelligible, et tout en restant jouable, on arriverait à se tenir, vers par vers et presque mot pour mot, tout près du texte grec. »
Le volume comprend aussi les tragédies d'Eschyle.

» Commentaire d'Isabelle Quéré

L’œuvre est au programme des terminales littéraires pour 2016 et 2017 (édition au choix du professeur). C’est pourquoi, j’ai tenté d’être exhaustive ; voici les éditions auxquelles j’ai eu accès :
- traduction de Jean Grosjean, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1967.
- traduction de Paul Mazon (1976) , présentation de Sophie-Aude Picon, Gallimard, Folioplus classiques, 2014.
- traduction de Jean et Mayotte Bollack, LES ÉDITIONS DE MINUIT, 1985.
- traduction de Victor-Henri Debidour, Le livre de poche classique, 1994.
- traduction et présentation de Jean Paul Savignac, édition La Différence, collection Minos, 2006.
- traduction de Marie-Rose Rougier, présentation de Marie-Rose Rougier et Sylvie Herbinet, Classiques Hachette, 2007.

Pour illustrer l’importance du «choix du professeur», j’ai choisi un vers (1311) :
ΧΟΡΟΣ

Ἐς δεινὸν οὐδ´ ἀκουστὸν οὐδ´ ἐπόψιμον.
Ès deïnos, oud’akouston, oud’epopsimon.

Dans une horreur qu’on ne saurait voir ni entendre. (Grosjean)
Dans un désastre, hélas ! effrayant à voir autant qu’à entendre. (Mazon)
Jusque dans la terreur qu’on ne peut pas même entendre, pas même voir. (Bollack)
Dans une atrocité dont on ne peut soutenir ni le nom ni le spectacle. (Debidour)
Dans un abîme effroyable, impossible à décrire, impossible à regarder. (Rougier)
Dans l’horreur inouïe, invisible. (Savignac)

Ἐς signifie dans, οὐδ correspond à la négation. δεινὸν est un adjectif (sans article défini) au neutre qui peut signifier : effrayant, terrible, funeste, puissant, étrange... ἀκουστὸν signifie audible, ἐπόψιμον, visible.

Si j’avais à «choisir», ce serait l’édition de Jean Paul Savignac pour la fidélité au sens et au rythme (comme on le voit ici). Sa préface éclaire le texte et expose les principes de son travail. L’édition est bilingue (c’est pertinent pour des lycéens hellénistes). Certes, il n’y a aucune note, mais aucune édition scolaire à ce jour (mai 2015) n’est convaincante en ce qui concerne la traduction.
Sinon, la traduction de Jean et Mayotte Bollack, parfois un peu moins efficace comme on le voit ici, est extrêmement rigoureuse, toujours sans notes (dans ces deux éditions, les vers sont numérotés). Je donne en lien sa présentation sur le site des ÉDITIONS DE MINUIT.
Enfin, pour sa qualité poétique, il faut retenir la traduction de Jean Grosjean, que Gallimard vient de rééditer à part et en poche pour cette occasion... Je n'ai pas vu cette édition, le dossier est de Jean-Louis Backès, les notes de Raphaël Dreyfus.

http://www.leseditionsdeminuit.fr/f/index.php?sp=liv&livre_id=1869

» Commentaire d'Isabelle Quéré

Trois traductions en vers.
Celle de Jean Lauxerois, Arléa 2005, rééditée chez Pocket en 2008, manque parfois d’efficacité rythmique ; le vers est souvent allongé en français. La postface analyse les enjeux philosophiques des thèmes importants : l’autonomos, la piété, l’amicalité (sic).
La traduction du poète Jean Grosjean (Pléiade, 1967) a été reprise en poche, folio théâtre, 2011. Elle contient une préface et un dossier de Jean Louis Backès, des notes et un lexique de Raphaël Dreyfus, qui sont une aide précieuse pour des lecteurs novices. La traduction est aussi belle que fidèle au texte grec.
Philippe Brunet a publié en 2009 une nouvelle traduction aux éditions du relief après plusieurs mises en scène de la tragédie. Il s’agit de la seule édition bilingue ; la courte présentation s’intitule «une tragédie dionysiaque». C’est la traduction la plus fidèle au rythme grec. On y lit du théâtre.

Trois extraits
ὁρᾶτ᾽ ἔμ᾽, ὦ γᾶς πατρίας πολῖται,
τὰν νεάταν ὁδὸν

στείχουσαν, νέατον δὲ φέγ-
γος λεύσσουσαν ἀελίου,

κοὔποτ᾽ αὖθις. ἀλλά μ᾽ ὁ παγ-
κοίτας Ἅιδας ζῶσαν ἄγει

τὰν Ἀχέροντος

ἀκτάν, οὔθ᾽ ὑμεναίων ἔγ-
κληρον, οὔτ᾽ ἐπινύμφειός

πώ μέ τις ὕμνος ὕμ-
νησεν, ἀλλ᾽ Ἀχέροντι νυμφεύσω. (vers 806 à 815)

Traduction de Jean Lauxerois.
Regardez moi, vous qui habitez la cité de la terre paternelle,
c’est le dernier chemin
Que je parcours, et c’est le dernier soleil
Dont je vois la lumière :
Ce ne sera jamais plus. Oui, celui qui fait
le lit de tous, Hadès, m’emmène vivante
Au rivage
De l’Achéron, et je n’ai pas eu ma part
Nuptiale, je n’ai pas eu devant la maison d’un fiancé
Quelqu’un pour me chanter
Le chant nuptial : non, je serai la fiancée de l’Achéron.

Traduction de Jean Grosjean
Voyez-moi, citoyens de ma patrie,
m’en aller mon dernier chemin,
jeter un dernier regard
vers l’éclat du soleil
et jamais plus !
L’endormeur Hadès me mène vivante
au bord de l’Achéron,
sans que personne n’ait chanté pour moi
le chant de l’épousée,
et je n’épouserai que l’Achéron.



Traduction de Philippe Brunet
Regardez-moi, citoyens de ma propre terre,
faire mes derniers pas
et porter encore un regard
vers le doux éclat du soleil,
le dernier : voici que l’Hadès
me conduit vivante au rivage
de l’Achéron,
sans que j’ai pris ma part des joies
d’hyménée, sans que j’aie reçu
nulle chanson au seuil
de ma chambre : j’épouse l’Achéron.

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